Le
chocolat liégeois.
J’aimerais la kidnapper, ma cousine.
Ce
serait une journée de fin d’été.
On
aurait mis nos vestes d’automne et nos bottes de junkie.
La
pluie, qui ne devait être qu’une simple averse, battrait tous
les records.
Nous
sortirions du cinéma, un film d’auteur underground, un peu
violent, un peu trash, sûrement avec une actrice italienne.
Toute
les deux, on courrait dans les flaques d’eaux citadines alors que
le reste de la population s’abriterait sous des porches de boutiques
vides.
On
courrait dans les rues désertes à la recherche d’un
refuge chauffé et bondé.
Ce
refuge nous le trouverions dans la rue de tous les bistrots.
On
entrerait dans un de ceux-ci, nous passerions les rideaux lourds et
rouges pour enfin finir s’échouer sur une de ces banquettes
en cuir noir. Nous serions trempées et nous rierions a gorges
déployées.
Les
jeunes bourgeois de la ville se retourneraient sur nous, pauvres
folles essorées, et nous nous en foutrions.
Après
un temps d’une longueur immorale, que nous n’aurions pas vu
passer tellement le manque fait naître la conversation, un
serveur chauve et aigris, nous demanderait ce que nous voudrions
boire.
Elle
et moi répondrions d’une même voix : « Un
chocolat brûlant et bien crémeux, s’il vous
plait !!! » puis les rires reprendraient de plus
belle.
Toutes
deux, enfin surtout moi, s’extaserions sur la décoration
sublime de ce lieu qu’on dit : « tendance mais pas
trop ».
Elle
voudrait allumer une clope, je l’en empêcherait car :
-je
hais la cigarette.
-je
tiens trop a elle.
Alors
elle ne fumera pas et je lui sourirais comme un « merci »
non dévoilé.
Après
un temps longuement plus immorale que le précédent, le
serveur, toujours aussi chauves, toujours aussi aigris mais bien plus
impatient, nous servirais nos deux chocolats brûlants et
débordants de crème mousseuse.
On
se créerait des moustaches de grand-père pour finir par
déguster ces délicieux réconforts contre la
pluie extérieur.
Cette
pluie, nous ne le remarquerions pas tout de suite, se serait arrêtée
pour le bonheur des nombreux touristes.
J’insisterais
pour tous payer mais elle me menacerais de ne plus jamais me parler
alors je céderais et elle paiera pour nous deux.
Main
dans la main, nous sortirions de cet enclos à moutons, pour
gambader dans les rues pavées.
Si
j’avais les jambes pour parcourir la distance, je l’enlèverais
pour de vrai et lui ferais découvrir les joies du chocolat
liégeois.
et pourquoi pas une balade sur une barque, comme au bon vieux temps?
by lilou (c)